Anecdotes marrantes mais pas toujours (Inde, 27/09 – 25/10/2009)

Publié le par Morgane

Envoyer un paquet.

Envoyer un paquet nous a pris une semaine. D'abord il faut savoir qu'en Inde, les colis, une fois dans une boîte de votre choix – parfois/souvent non délivrée par la poste - s'emballent de tissu blanc cousu. Que la poste parfois/souvent ne délivre pas non plus. Donc il faut trouver une échoppe, n'importe laquelle, qui vous fournira la boîte, le tissu et se chargera de le coudre autour de la boîte, moyennant une petite rémunération.

Jour 1
A Vârânasî, sur les conseils d'un suisse habitué des lieux, nous nous sommes donc rendus dans une boutique de soieries afin de faire emballer notre futur colis (et ''futur'' ici n'est pas employé à la légère). Le patron étant avant tout un habile commerçant, il prend en compte notre demande, mais nous exhorte à lui acheter ou à lui commander quelque chose. La vérité est qu'il a de fabuleuses soies (Varanasi est un haut lieu de la soierie), et je lui commande 2 pantalons taillés à la manière de ceux des anciens maharadjas. L'emballage du paquet quant à lui est remis au lendemain, en même temps que le premier essayage.

Jour 2
Nous revenons donc à l'heure prévue, avec le futur paquet. Le couturier me fait essayer les pantalons, c'est nul, il faut les reprendre. Manifestement, ce n'est pas non plus l'heure du paquet. On nous invite à repasser le lendemain.

Jour 3
Essayage n° 2, c'est bon cette fois. Le paquet ? « Ah oui, le paquet, oh vous n'avez qu'à repassez demain matin à 9h, et celui-là, désignant un de ses nombreux sous-fifres, vous l'emballera et vous acccompagnera à la poste pour vous faciliter la tâche. »

Jour 4
Nous arrivons à l'heure dite. C'est aussi le jour de notre départ pour Agra, donc nous souhaiterions vivement nous débarrasser de ce paquet dès maintenant. Nous patientons au moins une heure durant laquelle un type nous amène la boîte (c'est déjà ça), puis disparaît, revient avec un bout de tissu, du fil et une aiguille (on avance), puis disparaît, revient avec 2 autres boîtes, ah celle-ci ne convenait pas ? Puis disparaît, etc.
Finalement il revient, fourre mes affaires dans la boîte à coups de poings (y compris les cartes postales que j'avais délicatement disposées au dessus) ; le colis se paye au kilogramme, non à la taille du paquet, d'où mon interrogation grandissante quant à cet acharnement, en dépit de mes protestations, pour tasser mes affaires dans la boîte, puis pour tasser la boîte elle-même, comme si elle allait rétrécir de force.
Lorsqu'il entreprend de coudre le tissu autour de la boîte, je me dis qu'on y sera encore demain, et lui demande si je ne peux pas le faire moi-même. Puis un autre mec arrive (un sur-fifre) et prend les choses en main (oh, ça fait une heure et demi qu'on est là, on est plus à ça près) et termine de coudre l'oeuvre.

Au moment de partir pour la poste, alors que le sous-sous chef nous explique qu'on donnera, en plus des 50 roupies pour la boîte et le tissu, le backshish que l'on voudra au sous-fifre nous accompagnant à la poste, il se tape la main sur le front et dit en rigolant, « Ah, mais c'est l'anniversaire de Ghandi aujourd'hui, la poste est fermée ! »

Bref, nous avons pris le train avec le paquet, comme si c'était pas déjà assez compliqué de circuler en Inde.

Jour 5
Arrivés à Agra, nous nous rendons directement à la poste, qui est ouverte, miracle, mais où nous apprenons que le guichet justement préposé aux envois internationaux est fermé ce jour-là. Consternation.

Jour 6
Visite du Taj Mahal et du Fort rouge, puis coups de fil à mon assurance santé car je suis tombée sur le coude l'avant-veille et dois passer une radio. Le paquet est toujours en notre possession, cela va de soi.

Jour 7
Départ à 6h pour Delhi, car l'hôpital d'Agra ça craint. Arrivés sur place, dans l'ordre : guest-house, déjeuner, taxi, hôpital, radio. Pas le temps d'aller à la poste.

Jour 8
Enfin ! La Général Post Office est à notre portée, aucun anniversaire, pas de célébration d'une divinité quelconque, en plein jour de la semaine, youpi ! Je prévois mon passeport, le paquet, l'adresse en mémoire, je pense avoir l'essentiel.
A la poste, pas de queue, et pourtant nous y avons passés 2 bonnes heures.
Le garçon du guichet me demande si j'ai une copie du passeport, je lui dit non, mais j'ai le passeport, est-ce que ça ira ? Oui oui.
Je remplis les 2 formulaires destinés à la douane, et une fois cela fait il me les tend pour que je les COUSE au tissu du paquet. Je lui demande s'il a une aiguille et du fil (nous sommes quand même à la Poste Générale de New Delhi, pas dans un bled pourri en théorie, en théorie seulement), bien sûr qu'il n'en a pas et de me regarder d'un air ahuri, moitié souriant, attendant que je trouve la solution. Jérôme lui demande alors une agrafeuse, qu'il n'a pas non plus, et de demander éventuellement à ses collègues ne fait manifestement pas partie de ses attributions. En faisant le tour des guichet, on en voit une qui traîne (une agrafeuse, pas une collègue, encore que), et Jérôme entreprend d'agrafer les formulaires au tissu du paquet.

Voilà qui semble réglé, le guichetier me redemande la copie de mon passeport, je n'en ai toujours pas, je le lui redit et je lui sort mon passeport, il le prend et me demande la copie de mon passeport (nous sommes dans la quatrième dimension, il y a eu une fêlure de l'espace temps). Bon.
Je tente le coup de peut-être avez-vous une photocopieuse ici. Il me regarde d'un air interdit, mais toujours souriant. Puis me présente un vieux dont il me propose les services (moyennant backshish) pour m'emmener à la boutique de copies deux rues plus loin. Je leur demande de m'expliquer où se trouve cette boutique, on me l'indique à la manière indienne, c'est à dire que j'ai dû redemander à trois autres personnes dans la rue.

Je reviens avec le sésame (et une copie du visa, on ne sait jamais, les informations sont tellement distribuées au compte-gouttes dans ce pays), et après je ne me rappelle plus très bien, mais je crois que nous sommes repartis sans le paquet, après avoir payé et vérifié mille fois le reçu, le paquet, le reçu, demandé au type de tamponner devant nous le paquet.

Ah si, entre temps je m'étais appliquée à écrire l'adresse d'expédition avec un stylo à bille... sur du tissu. Ce qui m'a pris plus d'un quart d'heure – je ne sais pas si vous avez déjà essayé d'écrire sur un tissu lâche avec un bic. Le guichetier m'a tendu un marqueur au moment où j'achevais la dernière voyelle.

Demander des renseignements sur les horaires de trains.

Dieu merci, cette anecdote ne nous est pas arrivée personnellement, mais à un couple franco-allemand rencontrés dans le train. Appelons-les A et C.
Vers 11h30 passés, A se rend à un guichet de la gare pour se renseigner sur les trains disponibles en partance pour Coimbatore. Le guichetier commence  à lui exposer les différents trains, horaires, disponibiltés, etc. Là-dessus le téléphone l'interrompt. Le type répond pendant que A patiente. Le type raccroche enfin, au bout d'une quinzaine de minutes, regarde A et lui dit « Il est midi, on ferme. » et VLAN ! lui claque le rideau de son guichet au nez. A n'a jamais obtenu ses renseignements.

Il faut également savoir que le jour précédent, après avoir négocié pendant un quart d'heure le prix d'un rickshaw pour les emmener à la gare, une fois arrivé sur place, A et C ont cru devenir blêmes quand le type du rickshaw leur a annoncé "Ah c'est vrai, aujourd'hui c'est férié, la gare est fermée !", et de repayer la course en sens inverse.

Envoyer un Fedex.

Alors que nous quittions Cochin pour Varkala (plus que 3 jours à passer dans ce foutu pays), nous avions décidé d'envoyer nos achats vers la France par UPS ou Fedex. Le bureau Fedex est à l'image du pays, sale et bordélique, une chatte n'y retrouverait pas ses petits. Nous nous sommes même demandés s'il s'agissait d'un vrai bureau Fedex.
Bref, comme notre taxi nous attendait pour nous conduire à la gare routière, la première chose que nous avons demandé à l'employé est le temps que ça prendra : 15 minutes. Innocents que nous sommes.
Il me tend le formulaire, me regarde le remplir jusqu'au bout et fini par lâcher qu'il faut tout écrire en capitales. Jérôme prend le relais parce que je n'ai déjà plus de patience (il a quand même fallu 10 mn pour nous donner un tarif, sur les 15 mn annoncées il ne reste plus grand-chose) et à son tour rempli un autre formulaire, mais quelque chose cloche à nouveau. Le type envisage alors de remplir lui-même le formulaire, et arrivé à la 2ème lettre de mon prénom, fait une faute, ne comprend pas la  voyelle qu'on lui dicte, je sens qu'on va y passer 3 heures, Jérôme reprend les choses en mains.

Et puis c'est le moment où il nous sort une boîte en carton défoncée ayant contenu des bananes. Hé ho, pour le prix, t'aurais pas une boîte Fedex tant qu'à faire ? Ah c'est en supplément ? C'est pas grave.

40 mn se sont écoulées. Mais le Fedex est arrivé en France 5 jours plus tard. Avec une facture de 82 euros à payer par le destinataire pour frais de douane et TVA. Mais il est arrivé.

Aller à l'hôpital

A Varanasi j'ai glissé dans les escaliers et me suis explosé le coude sur les marches. D'où le passage à la case hôpital, service orthopédie. Comme je suis tombée le jour de notre départ, c'est à Agra que j'envisage d'aller passer une radio, ou à Delhi, dont l'hôpital est recommandé.

Après quelques coups de fil à mon assurance pour s'assurer de la procédure à suivre, mes interlocuteurs me dirigent vers l'hôpital d'Agra, m'assurant qu'il est aussi sûr que celui de Delhi. Le patron de notre guest-house semble dubitatif, mais soit. Nous passons un appel à l'hôpital pour demander si les services orthopédie et radiologie sont ouverts et jusqu'à quelle heure. On nous répond que c'est ouvert 24/24, c'est un hôpital voyons !

Arrivée sur place vers 19h, j'explique au réceptionniste l'objet de ma venue. Il passe un appel et me transmet la communication : c'est apparemment le service orthopédie, à qui je réexplique les choses, et qui me répond que ce n'est pas possible, il faut revenir demain matin. Je lui redemande s'il est absolument sûr que personne n'est en mesure de me recevoir, il me répond que le technicien des radios est en déplacement pour une urgence (avec son appareil de radiographie sous le bras ???), je lui demande s'il se fout de ma gueule mais je n'attends pas la réponse. On s'en va.

Commander une bière

Si au restaurant on souhaite commander une bière et demander quelles sortes de bières sont proposées, le serveur peut vous répondre par exemple « Tuborg et Calsberg ». « Très bien, je prendrai une Calsberg. » «  Ah non monsieur, on n'a que de la Tuborg. »

Poser une question

Si l'indien n'a pas la réponse :
a– Il vous en servira une autre, aléatoire, qui lui semble convenir.
b– Il vous offrira une réponse dilatoire, assez incompréhensible, hors sujet.
c– Il regardera par delà votre visage, comme si vous étiez transparent, ignorant votre question et votre présence même.
d– Il vous mentira effrontément, avec assurance, tout sourire, mais sans toutefois vous regarder dans les yeux.
e– Il hochera la tête sur le coté, et ça, on  a jamais su ce que ça voulait dire, à part que ce n'est ni oui ni non.


Et on en a pleins d'autres...

Publié dans INDE

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Commenter cet article
A
<br /> Morgane,<br /> <br /> Assez effarant, ton récit ! Bonjour la guerre des nerfs !<br /> J'espère que la destination suivante était plus cool, tu as l'air d'avoir besoin de faire un break !<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Tout le monde a besoin de faire un break après l'Inde. Un break de plusieurs milliards d'années avant de retourner dans cette région. Certains y reviennent, et puis un jour, va savoir pourquoi, ils<br /> ne souhaitent plus y remettre les pieds.<br /> <br /> <br />
A
<br /> Je ne crois pas m'avancer beaucoup en disant que l'Inde n'est résolument pas un pays pour toi! ... bien qu'au vu de ce que tu nous racontes, je me demande pour qui est fait ce pays!<br /> ... et dire que je crise quand le monnayeur de la poste me refourgue un euro en pièces de deux centimes... vraiment une p'tite joueuse!<br /> Enfin, on comprend mieux la nature pacifique de cette population... ils se seraient bel et bien tous entretués sans cela!<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Mais ils s'entretuent, ma chère, ils s'entretuent. Fais-moi penser à te faire parvenir quelques références littéraires qui te feront changer d'avis sur la nature pacifique des indiens, que je<br /> qualifierais plutôt de passive à certains égards, et de violemment vindicative à d'autres...<br /> <br /> <br />
K
<br /> Ah, merci pour ces anecdotes. Finalement quelquechose pour rire.. You made my day, babe! Je sais bien que c'est dûr à vivre, mais... vraiment...hahahaha.... ;-))))<br /> <br /> <br />
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