La Chine, comment ça marche ? (Chine, 14/08 – 13/09/2009)

Publié le par Morgane

La Chine, c'est un peu le paradis des pragmatiques : tout y est très bien organisé et d'une facilité déconcertante pour celui qui y voyage (mais aussi avais-je extrêmement bien préparé notre itinéraire, nous épargnant des recherches aléatoires et des feuilletages de guide compulsifs).

Au sortir de la frontière mongole, une employée du réseau de bus chinois nous propose le direct de 10h pour Pékin et nous guide jusqu'au guichet. Et c'est ainsi que nous sommes "cueillis" à presque chaque déplacement par une personne dont le rôle est d'orienter le flux de voyageurs vers la meilleure solution. Il n'y a qu'à Pékin, arrivés en gare routière (laquelle ?) que nous avons dû demander de l'aide à un jeune homme car nous n'avions aucune idée de l'endroit où nous nous trouvions. Il nous a indiqué le bus puis le métro à prendre pour rejoindre notre quartier. Voici pour le réseau de transport urbain et national. Concernant les taxis, ce n'est pas la même musique, parfois il n'ont simplement pas envie de vous prendre, mais ça n'est arrivé que rarement.

PEKIN

Pékin nous avait laissé, lors de notre transfert du Japon vers la Mongolie, une impression assez mitigée, une sensation oppressante et brumeuse. Finalement, nous avons retrouvé la rue de notre guesthouse, qui n'était qu'un trou béant et puant durant la mi-juillet, désormais rebouchée, en passe d'être bientôt pavée.


© Mas/Salvaggio

                          © Mas/Salvaggio

Il s'agit d'un hutong, ancienne ruelle commerçante où l'on trouve de petits restaurateurs, entièrement rénové, à l'instar de tous les autres vieux quartiers subsistants à Pékin et dans le reste de la Chine. La restauration architecturale en Chine procède de la démolition pure et simple pour une reconstruction à l'identique mais en neuf. Les caractéristiques sont donc intactes, mais tout semble un peu faux.


                                                            Qianmen Diaje, dans le prolongement de la place Tian'anmen,
                                                     rue fantomatique reconstruite à l'ancienne que viendront rythmer
                                                     les enseignes occidentales (Séphora, Zara, H&M, New Balance...).
                                                           © Mas/Salvaggio

L'ensemble de la ville est difficilement appréhendable tellement c'est immense et n'invite pas à la flânerie : la structure urbaine à été refondue en partie à l'époque maoïste et consiste en d'interminables artères perpendiculaires les unes aux autres dont la construction s'est accélérée au cours des années 60 et 80 pour faciliter l'usage de la voiture. Au 1er périph se succèdent quatre autres et il n'y a pas véritablement de centre ville. Les éléments sont dispersés entre la Cité interdite et le 5ème périph.


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Un après-midi, nous avons pris un bus (que nous avons mis une heure à trouver tellement le carrefour était gigantesque) pour l'Espace Dashangi 798, vaste lieu d'art contemporain où nous nous sommes promenés à l'abri des coups de klaxons intempestifs. Dans cette ancienne usine d'électricité, les rues bordant des hangars de briques reconvertis en galeries sont ombragées et des œuvres d'art accessibles à tous (on peut les toucher, grimper dessus) peuplent l'endroit.

                                                            © Mas/Salvaggio


Dans « notre » hutong (l'habitude du voyageur de s'approprier les choses pour être un peu moins largué), nous avons dégoté un restau où nous avons pris nos habitudes. Nous avons une pensée émue pour le canard rôti accompagné de ses petites crêpes dans lesquelles on met un peu de cette sauce noire très dense, quelques minis poireaux émincés et 2 ou 3 morceaux de canard avec sa peau croustillante...

Dans ces hutongs, on trouve également de nombreux bouis-bouis servant des brochettes marinées dans une sauce pimentée et cuites dehors. On choisit ses brochettes à l'extérieur et on mange soit sur place sur de petits tabourets en plastique, soit à l'intérieur dans une ambiance enfumée (les chinois fument comme des pompiers et ce partout, même dans les trains ou dans les bus).


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Nous n'avons pas de photo ad hoc, mais regardez un peu ce que nous avons trouvé : des tripes !

Le piment rouge, parfois vert, participe de tous les mets chinois semble-t-il. Il y a même des plats où le piment rouge grillé est servi en accompagnement, comme on vous servirait des poivrons. Effet dévastateur vérifié.


Pékin c'est aussi ses centres commerciaux, où, sur 5 étages se retrouvent les fringues "évadées" d'usine ou les faux. Jérôme a failli laisser ses avants-bras à une vendeuse opiniâtre qui tenait à lui fourguer 4 ou 5 boxers Calvin Klein alors qu'il n'était même pas certain qu'il y eut sa taille ni même un modèle qui lui aurait plût. Car ici on se retrouve à marchander avant même d'avoir eu l'idée d'acheter. En repassant discrètement devant son corner une demi heure plus tard, on l'entend nous hurler « FORTY !! », son dernier prix (qui était de 200 au départ)...

Au nord ouest de Pékin, la route menant à la grande muraille dispense ses emporiums de souvenirs. Suite à un malentendu, nous n'avons pas visité la partie que nous aurions souhaité. Démonstration du mécontentement du français qui ne comprend pas qu'on l'envoie dans la section la plus restaurée, et une des plus touristiques, alors qu'il souhaitait visiter la section la plus en ruine. Incompréhension de la guide chinoise qui est fière de ce bout de muraille recimenté qui draine 50 millions de touristes à la minute. En voici néanmoins une photo.

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Nous n'avons pas eu le courage de réserver 5 heures de notre temps sous cette chaleur parfois insupportable pour visiter la Cité interdite. Du reste on la voit bien mieux dans "Le dernier empereur".


PROVINCE DU GUANGXI (Pékin – Guilin : environ 3600 km)


YANGSHUO

Alors que nous devions passer par Xian, pour visiter l'armée enterrée, plus de place dans le train. Nous prenons un avion directement pour Guilin, dans le Guangxi, au sud de la Chine, puis un bus pour Yangshuo, à 2h au sud de Guilin, petite ville le long de la rivière Li. Je profite du passage à la gare de Guilin pour réserver le train pour Kunming, dans le Yunnan, prévu 5 jours plus tard. Un chinois me passe devant au guichet alors que je m'apprête à payer, je montre les dents, ça le calme.

La région est plate et rehaussée de pics karstiques qui émergent des champs de rizières comme des pains de sucre. C'est très beau mais il fait très chaud et très humide (Minimum 35° à l'ombre et un taux d'humidité proche des 70% nous semble-t-il).


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Nous louons des vélos, et allons nous faire promener le long de la rivère Yulong en radeau de bambou avec parasol. Les vélos pendant ce temps sont acheminés par camion à notre point d'arrivée plus bas sur la rivière (je vous l'avais dit que les chinois étaient organisés).

Nous les enfourchons de nouveau pour nous rendre à Moon-Hill, pic karstique dont le sommet est troué. Au premier quart du chemin, une dame armée d'un grand éventail en feuilles de bambou et d'une boîte-glacière en bandoulière nous escorte jusqu'au sommet en nous éventant. Pas moyen de s'en défaire. Le but est de nous vendre une de ses bouteilles d'eau ou de soda à l'arrivée, et de récupérer les bouteilles vides dont le recyclage doit rapporter quelques yuans. Nous apprendrons qu'elle a 51 ans.

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Chaque groupe de touriste a sa petite dame attitrée. Si l'une d'elle approche de trop près un blanc déjà ferré, elle se fait envoyer sur les roses. A ces femmes, que le produit de leurs cultures (riz, cacahuètes) ou de leur élevage ne rapporte peut-être pas grand-chose, le tourisme leur fait déployer des efforts supplémentaires (car il faut quand même les monter ces centaines de marches par 40° !) pour glâner un peu plus. Ensuite, re-pédalage jusqu'à Yangshuo, par une autre route, où j'ai l'impression que je vais crever (de chaud, pas un pneu).


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Et pourtant, nous avons de nouvau loué des vélos pour nous rendre au village de Liugong (35 km aller-retour, et non pas 8 km aller comme indiqué dans le guide). Arrivés au bac de Liugong, nous nous sommes baignés sous les moqueries des gamins qui pataugeaient dans la rivière, car une femme en maillot, une blanche de surcroît, c'est vraiment n'importe quoi. Nous les avons éclaboussé.

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A ce propos, la pudeur des chinois est assez contradictoire : Faire leurs besoins les uns à coté des autres ne leur pose aucun problème (les chiottes publiques n'ont pas de porte ni de cloison de séparation), mais se mettre en maillot, pour une femme, reste encore tabou. Plusieurs fois nous avons vu des jeunes filles se baigner en jean's et T-shirt.

A l'aube du dernier jour, nous nous sommes calmés sur les vélos. Nous avons donc rejoint en bus le village de Xingping pour descendre la rivière Li en bateau bambou. A peine descendu du bus à l'embarcadère, un essaim de femmes nous tombe dessus pour nous proposer leurs bamboo boat au meilleur prix. Comme nous montriions quelques velléités d'autonomie (nous voulions d'abord visiter le marché, or en Chine tout doit se faire maintenant et tout de suite, pourquoi attendre?), tout à coup, elles se mettent à glapir entre elles -la femme chinoise ayant une propension au glapissement tout à fait intéressante-. Jérôme les a calmées gentiment.


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PROVINCE DU YUNNAN

KUNMING (à 1265 km à l'est de Guilin - 1900 m d'altitude)

Enfin, il est temps de rejoindre Guilin pour prendre le train de nuit pour Kunming, dans le Yunnann où un peu de fraîcheur nous attend. Ou plutôt est-ce nous qui l'attendons avec impatience. Le trajet dure une douzaine d'heures. Nous avions prévu nos nouilles instantanées (de l'eau bouillante est mise à disposition dans tous les compartiments et au bout de chaque wagon) que nous traînons depuis la Mongolie. En effet, à notre chargement, déjà exhaustif, s'est ajouté un sac de bouffe que nous trimballons à la main. Un peu plus un peu moins...

Nous ne restons que 2 nuits à Kunming, qui ne représente qu'une étape rapide vers l'ascension vers le nord du Yunnan et, à terme, vers le Tibet. Un peu déçue au début de notre balade par la remodélisation de la ville (je rappelle le principe : vieux quartiers rasés pour rebatir en neuf), où les vieilles ruelles que je cherchais se trouvaient à ce jour sous les pelleteuses et les grues, je retrouve le moral au détour du quartier de l'Université où quelques boutiques avant-gardistes composent de petites ruelles jeunes et branchées.

                                                            © Mas/Salvaggio

                                                            © Mas/Salvaggio

Oh, et c'est là que se trouve l'échoppe des masseurs aveugles, où pour 25 Yuans (2€50) on vous masse de la tête aux pieds pendant une heure. Jérôme a préféré aller visiter un temple. Quelle idée ! Je sors de là un peu KO (ça vous rappelle quelque chose Jugnot dans « Les Bronzés », se faisant masser par un sénégalais énergique ?) mais les muscles en place.


DALI (à 359 km au nord de Kunming)


Bien que déterminée pour et par le tourisme, Dali reste très agréable à vivre, et dès que l'on s'éloigne du centre, les ruelles proposent un peu plus d'authenticité.


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Et c'est là que nous avons mangé nos premiers raviolis : 50 cts d'euros la douzaine, pensez-donc, nous y sommes retournés plus d'une fois.

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Le choix du vélo pour visiter les alentours s'est avéré beaucoup moins enrichissant qu'à Yangshuo : de la grand-route, des camions, des coups de klaxons. La Chine excelle dans l'élaboration d'axes routiers. La 4 voies reliant Dali aux villages avoisinants ne suffisait pas, on lui construit une parallèle, 500 m plus haut. La Chine excelle également dans la maîtrise de la nature (mais pour combien de temps ?) et il n'est pas une colline, une montagne, un fleuve un tant soit peu attractif qui ne soit aménagé et dont l'entrée soit payante. Très bien, nous avons donc pris le télécabine de la montagne Cagshan, puis parcouru l'allée dallée de 15 km pour redescendre par un télésiège.



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LIJANG


Encore plus au nord, à 8h de bus de Dali, nous rejoignons Lijang, à 2400 m d'altitude. Et nous qui croyions avoir tout vu en matière de boom touristique. Je suis même étonnée qu'ils ne l'aient pas appelée la Venise du Yunnan.


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De petits canaux parcourent la ville donc et sont longés par des centaines d'échoppes à souvenirs où officient des gens en costumes traditionnels, filant une écharpe, martelant un bracelet d'argent, ceux-là même vendus en série depuis Dali jusque Shangri-La. L'ambiance est très festive ici : de 17h à 23h30 pétantes, les restaurants-bars sont pleins de chinois qui boivent chantent et dansent puis rentrent se coucher.

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LES GORGES DU SAUT DU TIGRE (à 95 km de Lijang)


Entre Lijang et Shangri-La, qui doit être l'achèvement de notre périple en Chine avant de passer au Tibet, nous faisons la randonnée des Gorges du Saut du Tigre, au départ de Qiatou, en 2 jours.


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                                                            Notre petite chambre pendant la randonnée.
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                          La grande vue de notre petite chambre.
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SHANGRI-LA (encore récemment appelée Zhongdian – à 3160m d'altitude)


C'est ici que nos rêves concernant le Tibet prennent fin. Les informations glânées jusqu'ici quant aux modalités de passage vers Lhassa se révélaient trop incertaines. C'est donc sur place que, renseignements pris auprès de l'agence agrée qui délivre les permis d'accès au Tibet, nous avons dû nous rendre à l'évidence : trop onéreux. En effet, depuis quelques mois, l'arrivée à Lhassa, dès l'aéroport, est soumise à la présence obligatoire d'un guide, qu'il faut payer, bien sûr, mais aussi nourrir et loger. Tous les déplacements sont conditionnés par ce chaperon, y compris jusqu'à la frontière népalaise (la Friendship Highway) pour laquelle il faut également louer une jeep et les services d'un chauffeur, en plus de ceux du guide. Total : plus de 1000 € pour une semaine.

Nous avons donc réservé un vol pour Kathmandou. Retour en bus couchette (un grand moment!) jusque Kunming, puis vol en direction du Népal avec escale à Canton. Depuis, nous avons rencontré un australien qui a fait le voyage au Tibet depuis Chengdu, dans le Sichuan, puis de Lhassa à Kathmandou, et dont les impressions étaient assez mitigées : le camp de base de l'Everest n'est pas aussi impressionnant que l'on pourrait le penser (le Tibet est un plateau déjà très haut qui relativise la grandeur des sommets alentours), et les routes sont constamment encombrées de camions roulant à toute allure et jouant du klaxon

A ce stade du Yunnan, l'architecture est déjà tibétaine.


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                                                            Le marché de Shangri-La.
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                                                            On y trouve de tout.
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                          La place centrale, où, jusqu'à 19h on mange des brochettes.
                          Ensuite, jusqu'à 21h, les habitants dansent en cercle, c'est génial.
                          Nous avons essayé, sans trop nous ridiculiser je l'espère...
                          © Mas/Salvaggio


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Publié dans CHINE

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D
<br /> Je crois que c'est pour le moment les plus belles photos. cela a du être incroyable à vivre!!! j'en ai eu des frissons en regardant les photos!!! Continuez bien les loulous faites moi encore<br /> rêver!!!<br /> <br /> <br />
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